A Toulouse, depuis plus de trois ans nous, familles avec enfants, étudiant.es précaires, travailleur.euses.s pauvres, galériens.nnes privé.e.s de papiers, réquisitionnons des bâtiments vides privés et publics pour nous loger, nous organiser et vivre selon nos propres moyens et nos propres besoins. Dans cette même logique, depuis plus de trois ans, insoumissibles aux logiques de l’Etat, du capital, et des politiques bourgeoises nous refusons de laisser organiser les conditions de notre misère et notre exploitation.
C’est ainsi, que lundi 21 avril, nous, habitant.e.s et soutiens du Centre Social Autogéré du 57 avenue Jean-Rieux étions obligé.es de rendre les clefs du bâtiment réquisitionné depuis octobre 2013 après que Mr Jean-Luc Moudenc, nouveau maire ressuscité de la droite toulousaine, ait personnellement « prié » le propriétaire de nous expulser sous menace d’un carnage policier. Il est clair que dans la logique de la Justice et que dans l’obsession personnelle et maladive de Mr Moudenc de « nettoyer sa ville », les intérêt des pauvres et leurs organisations ne valent rien.
C’est ainsi bien conscient de cela, que nous avions ouvert par nécessité, quelques jours auparavant, deux nouvelles réquisitions à la Roseraie que nous venions d’officialiser.
Mais dès dimanche soir et ce jusqu’à l’expulsion, se sont succédés autour de ces deux maisons : vrais et faux propriétaires, renforts massif d’agents immobiliers, policiers divers et variés s’étant tous accorder sur le même discours : notre impossibilité à rester dans les lieux quelque soient nos droits et nos déterminations. Le dispositif s’accélère le lundi après-midi lorsque nous nous trouvions à l’intérieur des bâtiments. Fort d’une plainte fallacieuse et illusoire pour violation de domicile déposée par les propriétaires, les renseignements généraux ont, dans un premier temps, tenté d’interroger plusieurs personnes identifiées de la CREA. Bredouilles, ils repartent pour mieux revenir une heure après accompagnés de plusieurs camions de CRS bloquant la rue et ordonnant l’expulsion immédiate et illégale des bâtiments, sans solution de relogement.
Après discussion, nous nous décidons à sortir des maisons, avec nos affaires et sans que personne ne soit embarqué, à qui serait intimé l’obligation de répondre de la plainte du propriétaire.
Une heure plus tard, nous nous trouvons tous dehors: habitant.tes, entourés de nos soutiens et de nombreux voisin.e.s. lorsque le lourd dispositif policier finit de se mettre en place. Nous nous interrogeons encore sur l’impressionnant arsenal mis en œuvre : plus d’une centaine de policiers de corps différents, une quinzaine de camions, brigades des CSI, BAC, Police nationale, gardes-mobiles, renseignements généraux, lorsqu’au même moment le gouvernement se pavane vulgairement dans les médias en parlant de « plans d’économies » et de « gestion sociale » du pays.
Nous déménageons nos affaires lorsque la BAC décide d’interpeller quelqu’un identifié comme « responsable ». En plus de la violence de l’intervention, s’en suit un déluge de coups de la part des tous les policiers : gaz lacrymos, tir de grenade dispersive, tir tendu de flash-ball au visage. Un autre camarade s’est écroulé au sol, se faisant secourir et transporter à l’hôpital par les voisin.e.s. Touché en pleine face, plus de la moitié des os de son visage ont explosé. Plusieurs personnes ont été blessées, et la chasse à l’homme dure plusieurs heures. De plus, quatre personnes ont été interpellées, une est toujours en garde-à-vue ce mercredi matin et une cinquante de personnes se retrouvent à la rue du fait de l’acharnement de la Mairie et de la Préfécture.
Nous adressons donc un message au nouveau maire de Toulouse et à tous ceux qui partagent ses idées et intérêts : les pauvres ne disparaissent pas à coups de tonfa magique. Les surveillances, contrôles, expulsions, répressions ne font au’ accroitre nos déterminations à ne pas nous résigner au jeu des pouvoirs publics de droite comme de gauche, et à choisir pour et par nous-mêmes nos conditions d’existence. Des bâtiments sont vides, des gens sont à la rue : réquisitionnons ce qui à été construit par le peuple pour loger le peuple.
Ici et maintenant, rencontrons-nous, organisons-nous.
Tous pour Tou.tes
Pouvoir au peuple