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Roland, les squatteurs et les médias

Retour sur l’affaire Roland qui a secoué la vie Toulousaine ces derniers jours.


Roland, les squatteurs et les médias – Toulouse

CREA – 15 février 2021

L’emballement des médias autour du squat d’une des propriétés de monsieur Roland commence il y a 10 jours. La Dépêche du Midi raconte que Roland venait « une fois par semaine » dans cette propriété depuis plusieurs mois, pour se « reposer et entretenir la maison ». En septembre l’aide-ménagère (ou l’agence censée vendre la maison selon l’une ou l’autre des deux versions relatées dans les médias) remarque que des précaires s’y sont installés. Le propriétaire lance une procédure d’expulsion. Quelques semaines plus tard, le 23 octobre le jugement tombe : l’expulsion aura lieu à la fin de la trêve hivernale. Mais le lundi 1er février, l’annonce de la prolongation de la trêve hivernale par la ministre du logement pousse Roland et sa famille à médiatiser l’affaire et à agiter les réseaux sociaux afin d’obtenir une expulsion hors cadre légal. En effet, Roland veut vendre sa maison, et doit attendre deux mois de plus. Il ne le supporte pas. L’affaire est rapidement reprise par l’extrême droite locale et les réactionnaires de tous bords qui n’ont pas hésité à semer la confusion en reprenant une version fallacieuse et à attirer une compassion nationale sur une version tronquée de l’histoire. Le relais médiatique de Roland s’organise, et dès le mardi, plusieurs rassemblements de soutien se succèdent jusqu’à ce que les occupants décident de quitter les lieux jeudi soir. 

Nous, collectif d’entraide entre squats sur Toulouse existant depuis maintenant près de dix ans, tenons à revenir sur certains points de cette affaire. Notamment d’une part, sur les approximations, les fausses vérités, l’instrumentalisation médiatique, l’emballement irrationnel des réseaux sociaux et d’autre part, afin de réaffirmer notre positionnement politique – qui tranche avec le malaise palpable de certains de “nos camarades”. 

Contrevérités dans l’affaire Roland

Tout d’abord, non, monsieur Roland n’est pas le “pauvre petit propriétaire” dépeint par les médias. Cette maison estimée à 600 000€ n’est pas son seul bien. Il possède au moins un autre appartement à Albi. Selon nos informations, il aurait également vendu une autre de ses propriétés dernièrement. Déroulant un récit misérabiliste, la machine médiatique a mis en avant que la maison était remplit de souvenirs et qu’il y avait du passage régulier. Il est clair que tout cela est mensonger : cette maison est vide d’occupant depuis plusieurs années et a même été squattée dans le passé ! Déjà à l’époque, la maison n’abritait rien, si ce n’est quelques vieux meubles, et en aucun cas « des souvenirs d’enfance » (propos vérifiés par les vidéos post-expulsion mise en ligne sur ladepeche.fr le 13 février). La mise en vente de la maison avait même été entravée par un refus de la mairie à l’automne 2019 afin d’éviter que ce bien ne revienne à des promoteurs immobiliers qui voulaient la raser pour y construire un immeuble. Rien à voir donc avec une vente urgente nécessaire à la survie de la famille du propriétaire. Nous ne sommes pas les seuls à faire ce constat puisque que la justice elle-même en a tiré les mêmes conclusions. Confirmé par plusieurs sources dont RTL et La Dépêche (12 février), l’urgence imminente à la vente de ce bien a été écartée au regard des revenus plus que confortables du couple Roland. On est bien loin de l’image du miséreux qui se retrouve à la rue face aux méchants squatteurs, image à laquelle de nombreuses personnes plongées dans une précarité rampante ont pu alors s’identifier. Bien évidement, tous les propriétaires ne sont pas riches, nous ne connaissons que trop bien les réalités des travailleurs pauvres s’éreintant à payer les traites d’une vie, mais ce n’est absolument pas le cas ici. 

D’un point de vue strictement juridique, et comme dans chaque épisode médiatique de ce genre, de nombreuses approximations, d’erreurs manifestes, voire de mensonges délibérés ont été érigés comme vérités. 

En premier lieu, beaucoup d’aberrations ont été dites portant sur les délais de procédure. La maison est occupée à partir de septembre, et le jugement d’expulsion est rendu le 23 octobre. France 3 dans son article datant du 10 février « Voici ce que dit la loi » explique la procédure à opérer mais oublie de préciser que les expulsions de squat sont traitées en référé par le Tribunal judiciaire, c’est-à-dire en urgence, ce qui est loin d’une procédure “longue et onéreuse”. À Toulouse, et ce depuis plus de dix ans, ces procédures sont quasi automatiquement traitées avec un zèle légendaire et exceptionnel dans le paysage national. 45 jours pour délivrer une sommation de quitter les lieux, assigner au tribunal, avoir une audience et obtenir une ordonnance d’expulsion, relève presque du miracle administratif et judiciaire ! Et tout cela en période de crise sanitaire mondiale qui évidemment ralentit les procédures. 

Ici et là, on entend dire qu’en bout de course les préfectures rallongent les délais en tardant à accorder le concours de la force publique. Mais pour ce qui est de nos expériences communes, la préfecture de Toulouse assure une veille assidue : elle expulse autant qu’elle peut et dès qu’elle le peut. Sur la dernière décennie, nous avons même constaté une accélération impressionnante des accords de concours à la force publique. À titre d’exemple, lorsque le concours de la force publique est demandé par l’huissier de justice, la direction des services du cabinet et des sécurités délivre cet accord en quelques heures seulement. Le lendemain de la fin de la trêve hivernale 2020, trois squats ont été expulsés préfigurant le rythme ordonné par la préfecture jusqu’au 31 octobre.

Pour deuxième point, il a été déclaré à plusieurs reprises que monsieur Roland a perdu son procès. Alimentant un imaginaire fantasmé et diffusé par la machine médiatico-répressive, nous avons même lu sur certains sites d’information de nos camarades que la juge aurait refusé l’expulsion. Maître Serdan, fameux avocat du bailleur social Toulouse Habitat – qui n’hésite pas à expulser des centaines de personnes chaque année dont des familles avec enfants, affirme même avec aplomb dans la Dépêche du 9 février qu’« obtenir une expulsion devient difficile ».  Mettons-les choses au clair : l’expulsion des occupants est toujours ordonnée. Les propriétaires gagnent toujours leurs procès. Pour le dire d’une autre manière, 100% des procédures d’expulsion finissent par une expulsion. Il n’existe aucune jurisprudence donnant gain de cause aux squatteurs. 

Si des occupants sont toujours là plusieurs mois après un jugement d’expulsion, c’est parce qu’il existe des délais légaux pouvant être obtenus en fonction de la situation des deux parties. Ils empêchent une expulsion en pleine trêve hivernale ou avant un délai de deux mois après la signification d’un commandement de quitter les lieux. La trêve hivernale, contrairement à cette fausse vérité largement relayée par les politiques et les médias, peut tout à fait s’appliquer au squat. Nous sommes pleinement conscients qu’il ne s’agit pas là de cadeaux, ce ne sont que les cadres qui permettent de contenir l’explosion de la misère sociale. Si la trêve hivernale a été rallongée au 1er juin ce n’est pas parce que le gouvernement de Macron a changé de cap, c’est uniquement parce que nous nous trouvons dans une situation où la question sociale du pays frôle le débordement. Notre président a sans doute encore en mémoire ce qu’une gronde populaire peut faire. Ces sursis à l’expulsion évitent que des familles soient trop fréquemment jetées à la rue en hiver, comme à Bordeaux jeudi dernier ou, en décembre à Angers.

Ces décisions de justice peuvent faire l’objet d’un recours. Si monsieur Roland n’était pas satisfait des délais légaux accordés aux occupants, pourquoi il n’a-t-il pas exercé ce recours ? Parce que tout simplement le tribunal lui a donné raison, et a ordonné une expulsion, sans compter l’indemnité d’occupation qui lui a été accordée à hauteur de 500€ par mois. Il est clair que le déchainement autour de cette situation est le fruit de l’instrumentalisation des médias ainsi que de l’extrême droite dont les idées nauséabondes traversent l’ensemble du spectre politique actuel. Personne n’en veut à Roland et sa famille. Personne non plus ne squatte par plaisir. Il faut être bien loin de ces situations pour croire le contraire. Il nous semble bon de rappeler certaines vérités afin d’avoir une vision plus cohérente avec la réalité des faits : il ne s’agit en rien de la « lutte » d’un petit papi pauvre aspirant seulement à rejoindre son épouse en maison de retraite versus les méchants anarchistes sans vergogne. Il est urgent d’ouvrir les yeux sur ces évidences.

Réactions politiques à l’affaire Roland

Par ailleurs, nous prenons à témoin chacun des acteurs politiques locaux à qui nous sommes confrontés depuis de nombreuses années. Vous connaissez parfaitement la situation alarmante de l’hébergement d’urgence et du logement à Toulouse. Or vous choisissez délibérément de raconter de la merde en profitant de la lumière médiatique de cette histoire.

En pole position : Jean-Luc Moudenc, en sa qualité de maire de Toulouse. Il a tweeté « Lors du dernier #ConseilMunicipales de Toulouse, un vœu pour permettre aux maires d’être à leurs côtés en justice [les propriétaires] a été voté. ». Il démontre une nouvelle fois son incompétence manifeste à régler les questions sociales de la ville. Administrateur de la veille sociale du 115, il connaît que trop bien la saturation de l’hébergement d’urgence sur Toulouse et malgré ça il choisit de soutenir mordicus les propriétaires sans un mot pour celles et ceux qui n’ont rien. Sans grande surprise car on sait que la mairie de Toulouse n’hésite pas à mettre des familles à la rue, peu importe si vous êtes malade, si vous avez des enfants ou si c’est l’hiver – comme en février 2019. 

Autre champion en la matière, l’adjoint Daniel Rougé, en charge des politiques de solidarités et des affaires sociales. C’est lui qui a fièrement envoyé des “médiateurs” pour négocier avec les occupants de la maison de monsieur Roland. Ils ont été parfaitement inutiles. Daniel Rougé a pourtant conscience qu’ils n’ont aucune marge de manœuvre puisque la mairie ne propose pas de solution adaptée face à la précarité au logement. Depuis près de 3 ans, cet adjoint s’entête, malgré le refus de l’ensemble des collectifs de réquisition, à recenser les personnes sans-abris sur Toulouse, dont les squatteurs font partie. À part pondre des statistiques indicatives, ces opérations ne servent strictement à rien car aucune solution de relogement n’a jamais été proposée. Les associations, les travailleurs sociaux du 115 de Toulouse et leurs mouvements de grève passés, dénoncent par ailleurs sans cesse le manque de moyens et peinent à être entendus. 

De plus, c’est avec certaine stupéfaction que nous avons constaté à quel point cette affaire a semé la confusion. Un élu de l’opposition cette fois, pourtant ancien porte-parole du DAL 31, s’est pris à crier avec les loups. Il apporte son soutien à Roland et tweete «se faire expulser de son logement est toujours un drame ». On marche carrément sur la tête !  Ceux qui se sont fait expulser ici, ce sont les occupants de la maison, pas Monsieur Roland ! Ces déclarations politicardes sont franchement indigestes et vont à l’encontre de la solidarité qu’il est censé exprimer aux occupants. 

Le squat est politique

Il existe différentes stratégies au sein du mouvement d’occupation. De nombreuses associations demandent des réquisitions d’Etat, d’autres somment les pouvoirs publics de reloger chaque occupant. Notre position est plus simple. 

Dans la logique capitaliste, la propriété privée prévaut sur le droit d’usage et la solidarité. A l’inverse, certains pays font le choix d’instituer une “fonction sociale de la propriété” : ce qui prime, c’est uniquement de savoir si la terre et ses constructions ont bien une utilité véritable, c’est-à-dire où le droit individuel à la propriété n’écrase ni l’intérêt commun ni la justice sociale. Dans notre logique, qui sort des intérêts de la bourgeoisie, de l’État et du capital : des bâtiments sont vides, des gens sont à la rue, l’équation est vite résolue. Parmi nous, des galérien.ennes, des sans-toit, des sans-travail, des privé.e.s de papiers, des étudiant.e.s, des travailleurs.euses précaires, des gens qui en ont marre de ce système, des gens solidaires… qui vivent et s’organisent ensemble. Ce qui nous anime et rassemble c’est l’idée de justice sociale, la volonté de vivre dignement et par tous les moyens nécessaires. Nous prenons notre droit à l’autodétermination de nos vies, dans un contexte où la loi française est incroyablement accrochée au concept de propriété. 

Nous avons décidé d’occuper des bâtiments qui sont vides depuis des années, abandonnés aux spéculations immobilières, des maisons vouées à la destruction au profit de la gentrification globale de nos villes, ou des fois simplement des lieux oubliés. On ne squatte jamais de maisons habitées, ça n’existe pas. Il ne s’agit que d’une légende relayée par la presse pour entretenir la peur de l’autre – la peur du pauvre qui s’installerait chez vous quand vous êtes en vacances. Ce genre d’histoire à scandale, ça n’arrive pas dans la vraie vie. Et si parfois les propriétaires de lieux squattés se trouvent être des particuliers, il s’agit souvent de multipropriétaires ayant déserté leurs murs ou de maisons qui ne plus utilisées par personne depuis longtemps. Des personnes, des familles entières dorment dehors alors que des millions de logements sont vides. À Toulouse, le dernier taux de refus enregistré au 115 est de 90%. Tous les soirs, des dizaines de familles qui les appellent se retrouvent sans solution, sans compter ceux qui n’appellent plus, fatigués de s’entendre dire qu’il n’y a pas de place. Pour y faire face, elles vivent en squat, dans leurs bagnoles ou dans leurs tentes, été comme hiver. C’est bien dans l’ensemble de ces vérités que se trouvent la véritable « honte » de la France.

À ceux qui veulent justifier le déferlement de haine et la pression qu’ont subi les habitants du squat de Roland pour les contraindre à partir par le fait qu’ils soient “seuls, jeunes ou étudiants”, nous répondons que si la veille sociale refuse des places à des personnes malades et à des enfants (censés être prioritaires), vous pensez bien qu’il y en a encore moins pour des gens tout seuls ! Quand il y en a, ce sont des solutions totalement inadaptées. L’hébergement d’urgence à Toulouse se résume dans la majorité des cas à attribuer des chambres d’hôtels miteuses souvent infestées de punaises de lit, pour une durée incertaine. Rien n’est fait pour accompagner vers un logement pérenne ni chercher une solution en adéquation avec les choix des personnes. Les fonds alloués par l’état chaque année se résument à dépenser des millions d’euros – plus de 10 à Toulouse, dans des nuitées d’hôtel au lieu de créer et construire des projets de vie adaptés à chacun. Des fonds littéralement jetés par la fenêtre, payés par nos impôts. Alors que la crise sociale et économique s’enracine, alors qu’on voit des fils d’étudiants faisant la queue pour obtenir un repas gratuit, alors qu’il y a un million de pauvres en plus,

À ceux qui veulent les mépriser en parlant de simples “squats politiques”, nous répondons que le squat est forcément politique car il va, de fait, à l’encontre de toutes les structures libérales et racistes. Alors que la crise sociale et économique s’enracine, la liste des pauvres s’allonge de jour en jour. Il devient évident que ce genre de pratiques tend à s’étendre. Il est de notre survie de défendre nos pratiques d’auto-organisation.

Les raisons qui nous amènent à squatter sont parfois différentes. Mais ce que nous savons tous, c’est que sous prétexte de discréditer une occupation singulière, c’est en réalité une attaque de fond qui a lieu. Dans les discours critiques que l’on entend, on ne se demande plus qui se fait squatter, par qui et dans quel contexte : on en vient juste à s’insurger contre le seul principe du squat, soit une remise en cause totale de notre existence au profit d’une sacralisation aveugle de la propriété immobilière. Nous savons que si nous ne défendons pas l’ensemble des occupations, il nous sera bientôt reproché notre propre misère.

Nous, membres de la CREA, qui nous organisons par et pour nous-mêmes pour faire face à la galère quotidienne, apportons sans réserve toute notre solidarité de fond à tous les squats et leurs habitants. Nous ne disparaîtrons pas tant que la misère existera, ni à coups de tonfa magique ni à coups d’alertes BFM !

Tout pour tou.t.es

Pouvoir au peuple !

La CREA – Toulouse.

Campagne de dons de la CREA ! Pour pouvoir organiser notre entraide financière, la CREA a besoin de thunes !

Aujourd’hui avec la crise sanitaire, économique et sociale qui s’allonge et qui s’aggrave, nos caisses se vides sans avoir l’occasion de les remplir grâce aux concerts ou aux vendredis de la solidarité. On lance cette petite campagne de dons afin de nous permettre de souffler un peu, d’alimenter nos caisses et de pouvoir faire des achats de première nécessité pendant les longues semaines de confinement qui sont devant nous !

Comme d’hab, donne ce tu peux ! Merci de la part de toute la CREA !

Propulsé par HelloAsso

Lettre ouverte de la Campagne de Réquisition d’Entraide et d’Autogestion – CREA

Nous, membres de la Campagne de Réquisition d’Entraide et d’Autogestion, réquisitionnons plusieurs bâtiments des villes de Paris et Toulouse, depuis plus de 9 années. Ces bâtiments sont nos maisons, où depuis peu, se « confinent » plus de 250 personnes, dont plus de 60 familles avec enfants. Sans logements, souvent sans papiers, pauvres et précaires, pris dans le labyrinthe des institutions, nous avons décidé de nous organiser ensemble, déterminés à vivre dignement et par tous les moyens nécessaires. 

La pandémie qui traverse actuellement le pays nous frappe de plein fouet. Nous, les sans-droits, les personnes sans papiers, ceux qui ne savent ni lire ni écrire, ceux qui galèrent en foyers, en CRA ou en prisons, ceux qui continuent à risquer leurs vies au travail, les oubliés de la rue ou des HLM : nous tous et toutes, les pauvres, sommes conscients que nous serons les grands perdants du jeu de l’unité nationale. Les quelques mesures d’urgences fièrement annoncées ainsi que leurs grands discours ne sont que des cache-misères, qui ne correspondent en rien à la réalité de l’urgence sanitaire et sociale. Tout le monde sait que nous sommes ceux qui allons manger ce virus en pleine gueule.

Nos vies ont basculé le premier jour du confinement, ce 17 mars 2020. Nous avions peu, maintenant nous n’avons plus rien. On survivait, maintenant on crève de faim. Les fermetures brutales des réseaux d’aides alimentaires, des cabinets d’avocats, des écoles, des cabinets médicaux, des bureaux d’aides sociales nous plongent dans des situations de grande détresse et nous rendent encore plus démunis. Alors de fait, nous sommes obligés de nous exposer, que l’on soit en malades ou en bonne santé, sujets à risques ou âgés. Aller chercher les devoirs à l’école car sans ordinateur ni imprimante ; sortir faire des courses quotidiennement car sans revenus qui nous permettent de voir plus loin ; sortir pour récupérer quelques vivres distribués par les réseaux d’entraide, courir après les petits boulots non déclarés, voilà à quoi nos quotidiens sont contraints, tout ça dans la peur de subir la police, ses contrôles et ses violences auxquelles nous sommes trop habitués. Nos enfants prennent encore plus de retard sous nos yeux impuissants : abandonnés des suivis pédagogiques et du soutien scolaire. Nos corps se meurtrissent encore un peu plus sans possibilité d’accès aux soins. Mal-logés et mal-nourris, nous ne pouvons compter que sur ceux pour qui la solidarité n’est pas un “élément de langage et de communication”, dépendants de leurs possibilités d’action au jour le jour. 

Il est clair que nous ne vivons pas le même confinement que vous et que ceux qui décident en haut lieu. 

Comme le prouvent les appels aux dons de certains hôpitaux et EPHAD adressés directement à la population, l’Etat et l’ensemble des institutions démontrent leur incapacité à financer d’autres intérêts que les leurs. Les mesures destinées aux personnes précaires qui sont prises pour répondre à cette crise sanitaire sont clairement insuffisantes voire dangereuses. Tout aussi absurdes sont les “gymnases d’hébergement” avec deux points d’eau pour 70 personnes, les “centres de confinement” destinés aux personnes sans domicile fixe contaminées ou encore les chambres d’hôtel où il est interdit de cuisiner. C’est sans compter le ridicule des amendes qui pleuvent sur les “confinés à la rue”. La justice quant à elle s’est mise sur pause, sauf pour nous bien évidemment. Mi-mars, les procédures d’expulsion faisaient partie des seules “audiences urgentes” à être maintenues, alors qu’il était déjà très difficile de trouver des avocats. Et depuis, les décisions d’expulsion continuent de tomber, alors que nous ne disposons d’aucun moyen de recours. Plus de possibilité de demande des délais supplémentaires avant d’être remis à la rue, plus de possibilité de faire valoir nos droits : la crise sanitaire qui nous traverse nous appauvrit toujours un peu plus. La situation des personnes enfermées en CRA et en prison, dont les détentions sont prolongées arbitrairement par des juges dans le secret des tribunaux fermés, ne nous prouve qu’une seule chose : nos vies ne valent pas autant que les leurs. Alors qu’on parle de pandémie mondiale, des déportations ont encore lieu, sans aucune considération de la santé des personnes et de leurs droits. 

Les services sociaux et notamment ceux de la Veille Sociale sont comme à leur habitude : débordés, inefficaces faute de moyens et sans aucune autre modalité d’action.  Les commissions DALO ne répondent plus, laissant sur le carreau des personnes prioritaires à l’accès au logement. Chaque jour malgré les ouvertures de places en hôtels, des centaines de familles reçoivent les réponses négatives du 115, ou pire, personne ne répond.

Nous nous sommes retrouvés complètement abandonnés du jour au lendemain par les associations de distributions alimentaires. A Toulouse selon un tableau du Service d’Information d’Accueil et d’Orientation – SIAO, sur 23 associations, une seule assure une distribution de colis hebdomadaire. Nous survivons aujourd’hui grâce aux derniers colis distribués avant le confinement, grâce aux derniers salaires perçus de nos emplois non déclarés, grâce aux solidarités qui s’organisent ici et là, mais tout cela a ses limites. Pour nous, les habitants des squats, les “chèques-services” promis par le ministre du logement, simple effet d’annonce habituel, s’est soldé par le versement d’un montant dérisoire à la Banque Alimentaire. Alors que celle-ci ne fournit que des denrées inadaptées à nos situations, celles de vies de familles. Nous avons besoin de farine pour faire du pain, de pâtes pour faire à manger, de couches pour changer nos enfants, de produits d’entretien et d’hygiène, et non pas de sandwiches froids que la grande distribution ne vend plus !

Pourtant une solution simple existe pour que nous puissions répondre à nos besoins primordiaux : la régularisation de toutes les personnes sans-papiers. Le gouvernement nous bassine cyniquement que chacun est acteur de la santé de tous, alors que des centaines de milliers de personnes restent sans droits dans la « guerre » contre le COVID-19. Pour stopper la progression de la pandémie : régularisation pour tous ! Pour accéder à tous les soins, aux logements sociaux et aux vivres : régularisons !  Au stade où même des députés français en viennent à se faire l’écho des politiques d’urgence du Portugal : régularisons !

A travers cette lettre ouverte, nous exhortons chacun et chacune d’entre nous à exprimer une entraide concrète, ici et maintenant. C’est aujourd’hui que toutes les actions d’entraide prennent tout leur sens. C’est maintenant qu’elles doivent être le plus nombreuses. Toutes associations de distributions alimentaires doivent rouvrir dès demain, c’est une question de survie.

Nous appelons également à participer aux différentes formes de solidarités qui ont lieu dans nos villes : aux Brigades de Solidarité à Paris, Montreuil, Lyon ou Marseille ; aux campagnes de solidarités et appels aux dons alimentaires et sanitaire comme à Toulouse ; aux cagnottes en ligne… Relayons tous les appels à nous organiser car ce que nous savons depuis longtemps est encore plus vrai aujourd’hui : seul le peuple sauvera le peuple ! 

Tout pour tous, pouvoir au peuple !

CREA – Toulouse et CREA – Paris

Le 7 avril 2020.

creatoulouse [at] squat [dot] net

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Facebook : CentresocialautogereCREA

Contact presse : creatoulouse [at] squat [dot] net

Collecte solidaire !

Le Centre Social Autogéré est un point de collecte !
Ouvert tout les mardi, jeudi et vendredi de 18h à 19h30. Nous récoltons tous dons alimentaires et sanitaires afin d’aider les habitant-es des squats de Toulouse !
L’entraide est notre force !
Faites tourner le message sur vos réseaux !

Communiqué commun sur le recensement de la Mairie

Récemment, la Mairie de Toulouse a contacté plusieurs collectifs dans le but d’effectuer un recensement le 7 février 2020. Il concernerait les personnes habitant dans les squats, les campements, dans la rue… et plus largement toutes les personnes sans domicile fixe sur Toulouse. Selon leurs termes, l’objectif serait « de rencontrer les personnes vivant dans ces différents lieux, de les orienter ou de les accompagner quand cela est possible ».

Nous, les Collectif Russell et Collectif Lascrosses, la Campagne de Réquisition d’Entraide et d’Autogestion, le Droit Au Logement 31, sommes des collectifs d’occupations. Nous occupons depuis parfois presque 10 ans des bâtiments vides, habité-es par des précaires, des personnes sans papiers, demandeu-ses-res d’asiles…

Nous sommes expulsé-es de nos logements, nous sommes poursuivi-es en justice, nous sommes méprisé-es, et c’est dans ces conditions que nous avons à faire aux services de l’Etat et de la Mairie d’habitude. Mais en aucun cas pour proposer de l’aide ou des solutions pérennes.

Pourquoi ce recensement ? Pourquoi maintenant ?

Alors qu’un recensement social a déjà été fait dans certains collectifs et certains lieux occupés, comme celui mené par France Horizons au squat de l’avenue de Muret en octobre 2019, sans aucun débouché.
Alors qu’une partie de ce squat a été incendiée, les habitant-es ont été amené-es dans des gymnases puis au parc des expositions aujourd’hui. Une nouvelle fois, ils-elles subissent un recensement suite à une décision commune de la mairie et de la préfecture pour des propositions de logements incertaines et comme toujours inadaptées.
Alors que des familles appellent le 115 tous les jours sans obtenir de réponse et sont inscrit-es au SIAO (Service d’Insertion d’Accueil d’Orientation), qui dépend de la Mairie, en vain.
Alors que des personnes sont perdues depuis des années dans des démarches de relogement qui n’en finissent pas.

La situation est bien connue de la Mairie.

Pourquoi ne pas accélérer ou aider au bon déroulement de ces démarches ? Pourquoi recenser les personnes sans domicile fixe de Toulouse et ne pas plutôt recenser les logements vides susceptibles de les accueillir rapidement ?

Nous dénonçons ce « recensement », qui nous apparaît comme un fichage et qui doit s’effectuer dans nos lieux de vie, dans des conditions floues. Nous ne savons pas quelles informations seront collectées, ni à quelles fins. Vu le contexte politique actuel, nous sommes méfiant-es. On rappelle qu’un « recensement » a suivi l’arrêté municipal anti-bivouac du 12 septembre 2019, résultat : des expulsions du territoire, des personnes chassées hors du centre-ville, dépossédées de leurs tentes et de leurs affaires.

Nous voulons l’arrêt de toutes les procédures d’expulsions, notamment celles impulsées par la Mairie de Toulouse, ainsi que des solutions adaptées et pérennes pour les personnes qui en font la démarche.

Nous appelons l’ensemble de collectifs concernés à refuser le « recensement » dans nos lieux occupés ce vendredi 7 février.

Arrêtez de nous compter, nous ça fait longtemps qu’on a arrêté… !


Signataires : le Collectif Russell, le Collectif Lascrosses, la CREA, le DAL 31

Nouveau CSA – Centre Social Autogéré

On prépare le nouveau (petit mais très sympa) CSA ! En plein centre-ville ! On espère relancer les vendredis de la solidarité très rapidement ! On vous tiens au courant ici !
PS : pour ceux qui ont reconnu l’endroit, dites rien, on garde la surprise encore quelques jours ?

Lettre à Hervé de la Mairie de Toulouse

Nous avons reçu votre mail en date du 24 septembre 2019 nous invitant avec d’autres collectifs (CEDIS, DAL, CROM – Russel, Autonomie…) à préparer votre recensement des habitant-es de squat et personnes sans-abri devant se tenir en février 2020. La réunion devait se dérouler ce mercredi 16 octobre.

Merci de votre attention.

Mais nous n’en voulons pas.

Sous couvert « d’obtenir des informations anonymisées sur les familles afin de connaître leurs besoins », ou de participer au plan logement de Macron dont Toulouse est une ville test, votre action ne s’inscrit que dans un système de contrôle et de répression des squats.

Nos besoins, c’est d’avoir un toit sur la tête. Et vous le savez très bien.

On vous rappelle qu’une des promesses de campagnes de Moudenc était l’expulsion de tous les squats de Toulouse, et qu’en 2017 il se félicitait «de la résorption d’un tiers des squats, qui sont des problèmes de tranquillité et de salubrité publiques » (mais bon, la mairie n’a aucun pouvoir particulier sur les squats, hormis sur ses propriétés…).

On vous rappelle que votre Moudenc a signé un arrêté municipal anti-bivouac contre les familles qui habitent en tente (car aucune administration ne veut les loger), et ça, le 12 septembre 2019, soit 12 jours avant votre mail.

On vous rappelle que vous avez expulsé 3 familles avec des nourrissons en pleine trêve hivernale en février 2019 au 46, rue du Tchad. Un lieu fermé depuis 4 ans auparavant, et depuis l’expulsion, toujours inoccupé.

On vous rappelle que toujours sur ce même lieu, vous avez porté plainte (pour vol alors que le lieu est VIDE, on le sait car c’est NOUS qui l’avons vidé) contre 3 personnes qui tentaient de se mettre à l’abri avec leurs familles en août 2019, et que ces 3 personnes dorment aujourd’hui en prison depuis deux mois.

On vous rappelle tous les campements que vous expulsez depuis des années en lâchant des miettes (2 nuits d’hôtels, 5 pour les mères isolés… bravo, quel bonté de cœur)

Votre réunion sonne vraiment comme une funeste blague. Vous avez pas honte de venir nous proposer ça ? Il faudrait que nous on vienne vous filer nos informations personnelles et nos besoins ? Vos stats, vous les ferez sans nous. Et on espère, vu la situation actuelle, qu’aucun autre collectif ne se présentera à vos réunions nauséabondes et délatrices.

Vous avez toujours été contre nous, nous serons toujours contre vous.

Arrêtez de nous expulser, donnez nous des maisons (et de l’argent) et reloger les familles qui dorment en tente au lieu de leur foutre des amendes ou des blocs de bétons à leur place.

Tout pour tout-es
Pouvoir au peuple !

La CREA – Toulouse

PS : ça fait 6 ans qu’on a changé de mail 

Communiqué de la Campagne de Réquisition d’Entraide et d’Autogestion

A Toulouse, il y a beaucoup de familles dehors, beaucoup de familles qui dorment dans une tente, beaucoup de familles qui n’ont aucune ressource, le 115 ne répond pas au téléphone et quand quelqu’un répond c’est pour dire qu’il n’y a pas de place, beaucoup de familles dorment dans la rue avec des enfants tout petits.

Au mois d’août, cinq personnes albanaises ont été arrêtées parce qu’elles étaient en galère, parce que c’est difficile de vivre comme ça et que c’est difficile de trouver une maison pour vivre normalement avec sa famille ; maintenant que ces personnes ont été arrêtées, leurs proches, leurs enfants se retrouvent tout seuls. La situation est très compliquée maintenant pour les familles des personnes en prison, qui ont fait des demandes de visite pour lesquelles il n’y a toujours pas de réponse. Les familles essayent de contacter leurs proches en prison pour leur apporter des affaires ou des choses dont elles ont besoin, mais elles n’ont toujours pas réussi et les délais sont longs. Au tribunal, les juges posaient des questions mais ne laissaient pas les personnes répondre, ils faisaient même des blagues. Sur les cinq personnes arrêtées, trois ont pris 4 mois ferme, un autre 9 mois et le dernier 13 mois.

La situation est très difficile pour les albanais car les procédures d’asile sont maintenant accélérées et quand la police trouve un albanais sans papier il est directement envoyé en prison ou en centre de rétention. Quand les gens font une « bêtise », même si c’est la première fois, les juges ne recourent même plus aux amendes ; c’est directement la prison.

On veut parler de ça, parce que si on ne dit rien la police continue à faire ça tranquillement. Dans le réseau de la CREA, on s’entraide sur tous les plans : pour trouver des maisons, de la nourriture, de l’argent pour les papiers, pour tout ce dont on a besoin. Cette histoire, ce n’est ni la première ni la dernière fois que ça se passe. On reste ensemble pour ne pas être tous seuls face à la répression.

Soutien à tous les prisonnier.es !

Tout pour tous.tes,
Pouvoir au peuple !

La CREA – Toulouse
Le jeudi 5 septembre 2019.

Komunikatë e Fushatës Kërkuese të Ndihmës dhe Vetë-Menaxhimit

Ne toulouse ka shume familje qe jane ne rruge , shume familje qe flejne ne cadra neper rruget e toulouse , ka shume famile qe nuk marrin leke nga prefektura, njeqind e pesembedhjeta qe nuk ju pergjigjet telefonatave te njerzve dhe kur pergjigjen thone nuk ka vend , shume famileje me femije te vegjel qe mbijetojne neper cadra pa asnje te ardhur.

Ne muajin gusht jane arrestuar pese persona , keta persona jane arestuar sepse kane pasur te veshtire jetesen kane pasur te veshtire per te gjetur nje shtepi per te futur familjen , jane munduar qe te jetojne , tani qe jane arestuar familjaret jane te vetem , ne burg jane ne nje situate te veshtire familjaret kane kerrkuar per ti takur por pritja eshte e gjate , famoljaret kane kerkuar ti takojne per tju dorzuar gjerat qe ju nevojiten aty brenda , pritja vertet eshte e gjate , dhe kur ata dalin ne gjyq , gjykata ben pyetjet e veta por nuk i le te pergjigjen shume here tallen me te arestuarin , nga keta te peste « tre jane denuar nga kater muaj , nje nente muaj , tjetri per trembedhjete muaj.

Nje situate e veshtire eshte per shqipetaret sepse situata eshte e pershpejtuar per azilantet dhe policia kur i gjen pa letra i mer direkt ne burg, dhe kur keta njerez bejne dicka qe eshte e ndaluar normalisht gjyqi jep nje gjobe , por jo tani direkt i kane futur ne burg sepse keta njerez nuk kane nje qender qendrimi.
Ne po flasim per kete sepse nese ne nuk flasim policia do e beje qetesisht kete pune dhe nje resident qe quhet krea qe ndihmon ne cdo aspekt , ndihmon per te gjetur zgjidhje per te gjithe njerezit duke hapur shtepia , per njerez qe kane nevoje duke mbledhur leke per te paguar lper te bere letra , ky rrast qe ka ndodhur nuk eshte as i pari as i fundit duhet te jemi bashke per te ndihmua dhe per te mos qene vete.

Mbështetje për të gjithë të burgosurit !

Të gjithe per të gjithe,
Per fuqine e njerezimit !

CREA – Toluze
E enjte 5 shtator 2019.

Anniversaire

Au fait, la CREA a 8 ans depuis quelques jours

Communiqué de la Campagne de Réquisition d’Entraide et d’Autogestion – 14 mars 2019

A Toulouse, depuis près de 8 ans, nous, membres de la Campagne de Réquisition d’Entraide et d’Autogestion (CREA), nous organisons pour ouvrir des maisons (des bâtiments vides privés ou publiques) pour y loger avec nos propres moyens et selon nos propres besoins.

Nous sommes des pères, des mères, des enfants, des familles, des personnes seul-es, avec des situations administratives et personnelles particulières, ne rentrant pas dans les cases prédéfinis pour obtenir un hébergement, des papiers, un travail ou tout simplement une vie digne.

Chaque année, et malgré l’émergence de plusieurs autres collectifs de réquisitions (Collectif Lascrosses, AutonoMIE, CEDIS, DAL, Collectif Russel, Quai St-Pierre, Vestrepain…), la situation sur Toulouse ne fait qu’empirer. Plusieurs dizaines de familles sont toujours à la rue et cela même en pleine trêve hivernale. Le 115, les services d’hébergement d’urgence de l’Etat sont noyés sous les sollicitations, les campements se multiplient, le nombres de réquisitions explosent. Au moment même où Macron fait ironiquement de Toulouse le laboratoire de son plan « Logement d’abord ».

Nous avons conscience que nos façons de vivre, et de survivre, pour et par les nôtres : entre personnes en galère, ne vont pas dans le sens des intérêts de la préfecture, de la mairie, de la police et des propriétaires. Ils ne cherchent qu’à aggraver nos situations déjà difficile.

Depuis le début de l’hiver, nous subissons une vague répressive plus active et plus agressive. Nous dénonçons aujourd’hui :

– Trois procès en Correctionnel en une semaine pour « violation de domicile » à la suite de tentatives d’ouverture de réquisition. Les relaxes obtenues parlent d’elles même, montrent la nullité et reflètent la pression policière et judiciaire exercée.

– Cinq procès au Tribunal de Grande Instance, Tribunal d’Instance et à la Cour d’Appel dans le cadre de la procédure d’expulsion du Centre Social Autogéré de la CREA.

– Quatre maisons, en pleine période hivernale, ont subi des expulsions immédiates. La police est rentrée avec force et sans respecter leurs propres lois. Ils ont fait peur aux habitant-es et les ont interpelé-es afin d’effectuer des contrôles de papiers.

– Huit maisons de la CREA (ce qui représente 21 familles, soit 72 personnes) sont sous le coup d’une expulsion planifiées entre le 1er avril et le 11 juin 2019.

– Plusieurs d’entre nous ont étaient enfermés au Centre de Rétention Administrative (CRA) durant plusieurs jours suite aux contrôles de la Police Aux Frontières (PAF). Ces contrôles ont été renforcé à la Gare Matabiau et dans les lieux sociaux (au Grand Ramier notamment).

– Les rassemblements de soutien devant les tribunaux ont été perturbé par les agents du Renseignement Territorial et de nombreux policiers.

– De nombreuses Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) nous ont étaient signifié-es

– L’ouverture d’une « chasse » par la PAF et la police ciblant les Albanais-es en particulier, sans prendre en compte les situations personnelles et familiales. Des agents de la PAF ont clairement exprimé le fait de vouloir arrêter et déporter le plus d’Albanais-e possible.

– Plusieurs perquisitions à 6h du matin dans des maisons de la CREA avec des immobilisations très violentes : armes contre la tempe des habitant-es par des gendarmes cagoulés (dont plusieurs personnes sont toujours en prison).

– L’expulsion d’une maison appartenant à la mairie par plus de 40 policiers fin Février, remettant ainsi à la rue deux familles et des personnes seul-es sans possibilité de récupérer leurs affaires, sans aucune prise en charge hôtelière par la préfecture, alors même que le service social de la mairie avait affirmer quelques jours plutôt qu’il avertirait de l’expulsion.

– Des refus d’entrées sur le territoire français à l’aéroport de Toulouse-Blagnac alors que toutes les conditions étaient réunies pour séjourner en France légalement.

– Les propriétaires recrutant en vain des équipes de vigiles pour remettre à la rue des habitant-es de maisons réquisitionnées.

– Le bailleur social d’Habitat-Toulouse (en lien avec la Mairie) ment en promettant de trouver des solutions de logement et de prévenir de l’avancement de la procédure d’expulsion tout en envoyant l’huissier expulser les habitant-es.

– Des camarades proches de la CREA sont actuellement détenu-es en Grêce, arreté-es alors qu’ils et elles essayaient de rentrer en France suite à leurs expulsions du territoire. Autre cas en Suède, une personne est actuellement détenue à la suite de la négligence de l’État français dans le cadre d’une procédure de demande d’asile politique.

Cette liste n’est qu’un court exemple de faits qui sortent de l’ordinaire et de la galère quotidienne.

Côte-à-côte, nous sommes ensemble dans ce combat pour survivre dignement, avec toutes les autres personnes à la rue, dans les campements, expulsé-es, avec tous les habitant et habitantes de toutes les maisons réquisitionnées, de tous les foyers, de tous les CADA, de tous les hôtels…

Malgré l’acharnement répressif, nous sommes encore et toujours là. Comme nous l’avons toujours dit haut et fort, nous ne disparaîtrons pas. Nous espérons que demain, enfin, nous saurons mettre un terme à la guerre que l’État mène contre nous.

Tout pour tou-tes !

Pouvoir au peuple !

La Campagne de Réquisition d’Entraide et d’Autogestion – Toulouse

Le 14 Mars 2019.

*Mardi 8 janvier 12h30 dans la salle 2 du Tribunal Administratif
La décision tombe comme une injustice, comme d’habitude. Aucune prise en compte de la vie de Rizvan et de sa famille à Toulouse depuis 2015. La juge confirmera l’OQTF et l’IRTF des 3 personnes enfermé.es.

*Mercredi 9 janvier, 9h30, audience en appel devant le JLD
Encore un espoir de sortir en contestant les conditions de son arrestation et de son audition sans traducteur devant la cour d’appel.

SOYONS NOMBREUX ET NOMBREUSES UNE NOUVELLE POUR SOUTENIR RIZVAN ET SES PROCHES A 9h30 LE 09.01.2019 A LA COUR D’APPEL DE TOULOUSE (ENTREE PALAIS DE JUSTICE)

Rizvan remercie du fond du coeur toutes les personnes présentes ce matin (sauf la juge et la flicaille!).

Force à lui, solidarité avec toutes les enfermé.es

(texte écrit par ses proches)

APPEL A RASSEMBLEMENT

°Mardi 1er janvier 2019, nouvelle année, nouvelle loi Asile et Immigration
Alors qu’il sort de chez lui pour aller chercher le pain, Rizvan est contrôlé par la police. Il est sorti rapidement en oubliant son portefeuille avec ses justificatifs d’identité. Les flics l’emmènent dans les locaux de la PAF (Police
Aux Frontières) à Blagnac pour une « vérification » et découvrent que Rizvan n’a pas de titre de séjour valide.
Commence alors de longues heures de retenue au commissariat : la loi Collomb, tout juste appliquée au 01.01.2019, vient augmenter le délai qui passe de 16h à 24h soit une nuit gratuite en plus. La préfecture prend donc son temps pour lui notifié une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français).

°Mercredi 2 janvier, sale gueule de bois
Le lendemain, mercredi 02 janvier 2019, elle délivre également une interdiction de retour en France (IRTF) de deux ans. C’est à dire qu’il n’a plus le droit de revenir dans l’espace Schengen sous peine de sanctions pénales.
On parie fort que le recours à l’IRTF va s’intensifier avec l’application de la loi Collomb et accentuer la criminalisation des sans-papiers. Vers 16h Rizvan est finalement amené au centre de rétention (CRA) de
Cornebarrieu, sous ordre de la préfecture qui craint « sa fuite ».

°Vendredi 4 janvier, premier passage au Tribunal de Grande Instance
Il dépose alors un recours devant le Juge des Libertés et de la Détention (JLD) pour contester son placement au CRA (centre de rétention). Il n’a eu aucun traducteur tout au long de sa procédure. Il a une adresse sur
Toulouse où sa famille et lui sont hébergé.es depuis le mois de septembre 2018. Ses cinq enfants sont scolarisé.es. Malgré tout, le placement en rétention est maintenue par la JLD, Rizvan retourne alors au CRA…

°Mardi 8 janvier, 10h, audience devant le Tribunal Administratif
Mardi a lieu le procès où il conteste son OQTF. Les enfants de Rizvan sont à l’école depuis plus de trois ans et la vie de toute la famille est ici dorénavant. Il est impossible pour nous d’envisager son expulsion vers son pays d’origine qu’il a fui pour demander l’asile en France.
Rizvan ne sera pas le dernier à subir la loi Collomb qui accentue la répression contre les sans-papiers en France.

SOYONS NOMBREUX ET NOMBREUSES POUR SOUTENIR RIZVAN ET SES PROCHES

MARDI 08.01.2019 A 10H

DEVANT LE TRIBUNAL ADMINISTRATIF (68 rue Raymond IV 31000 Toulouse)

Force à lui, solidarité avec tout.es les enfermé.es.

(texte écris par sa famille et ses proches)

La CREA réquisitionne Toulouse

Cet article est disponible ici : http://courroie.info/La-CREA-requisitionne-Toulouse.html
“Texte rédigé en 2016 dans le numéro 1 de La Courroie. C’est long à lire en ligne et on vous conseille donc vraiment de plutôt vous procurer la version papier… (il y en a à Terra Nova et vous pouvez nous contacter pour en récupérer.

La Campagne de réquisition pour l’entraide et l’autogestion (CREA) fête ses 5 ans en 2016. Au moins un millier de personnes y ont croisé leurs chemins avec des niveaux d’implication différents : des simples coups de mains pour les activités, à une vie à plein temps dans les collectifs qui occupent ensemble bâtiments. Il y aurait donc plus d’un millier de manières de raconter la CREA.

Ceci n’est donc qu’un récit partiel et partial de l’histoire de ce réseau. Il s’appuie sur des entretiens et des rencontres lors d’assemblées générales, des soirées, des procès, des ouvertures de squats, des manifestations.

Étrangement, La CREA est peut-être plus connue parmis les militant.e.s des autres villes de France qu’à Toulouse, où beaucoup la résumeraient presque à un simple collectif d’anarchistes qui occupent ensemble un bâtiment. Ce texte a été écrit pour tenter de montrer la richesse de ce mouvement.”
Merci aux camarades de la Courroie pour ce chouette travail!

bilan de la Caisse des Enfants de la CREA

MERCI A TOUS!!
Grâce à l’entraide et la solidarité, la caisse des Enfants de la CREA a permis cette année de financer :
– une colo pour 22 enfants et quelques mamans
– les fournitures scolaires pour une trentaine d’enfants
– des petites vacances à la montagne pour 16 enfants
– des sorties à la piscine, à la patinoire, au cinéma toute l’année pour plein de mômes!!

Aujourd’hui, la caisse des enfants est vide, l’année scolaire reprend, et on lâche rien!!!!
Donnez en ligne ici : https://www.lepotcommun.fr/pot/dynfo4zt

Réunion d’organisation/autogestion du csa(reportée)

Nous appelons à une réunion pour l’Organisation/Autogestion du csa/futur csa.
le rendu du procès du csa c’est bientôt, peut-être la fin de ce csa.
Nous avons toutes et tous besoins d’un lieu autogéré où nous pouvons nous organiser ensemble, venez discuté du futur du csa, où?quand?comment?qui?
Viens proposer des idées d’activités,de lieu ou faire part de tes motivations.
Venez nombreuses-eux jeudi 11 mai à 19h au Centre Social Autogéré,15 rue roquelaine,métro Jeanne d’arc.