Communiqué de presse de la CREA du 3 aout 2013
Alors que les problèmes de logement se poursuivent à Toulouse comme ailleurs, que le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE) estime qu’il y a “urgence à agir” pour les quelque trois millions d’enfants pauvres en France, dans un avis sur leur “situation alarmante” publié lundi 8 juillet 2013, la réalité de l’arbitraire se poursuit.
Alors que, à Toulouse, les prises en charge des familles dans les hôtels s’arrêtent (6 familles remises à la rue depuis 2 semaines) et cela va se poursuivre durant tout l’été pour les 26 familles restant hébergées dans ces conditions inadaptées.
Alors que le 115 de Haute-Garonne est dans l’incapacité de trouver des solutions aux personnes qui l’appellent encore : hier, pour 187 demandes d’hébergement d’urgence, 155 refus ont été prononcés dont 34 envers des familles (soit 138 personnes).
Rappel des faits : Avril 2011, la réquisition du 70 Allées des Demoiselles, immeuble de 5 étages, ouvre la voie vers des lieux de vie d’un nouveau genre : la mise en œuvre d’activités sociales, dont le logement, par les acteurs eux-mêmes. Dans un élan partagé par beaucoup de riverain.e.s mais aussi de Toulousain.e.s ainsi que de la fédération nationale des centres socio-culturels, le Centre Social Autogéré séduit. Pendant un an et demi, ce lieu a permis de soustraire plus de 50 personnes aux conditions extrêmes de la vie à la rue, mais aussi de favoriser scolarisations, créations, réflexions, rencontres, ateliers divers, etc. le tout dans un contexte de bonne humeur et de lutte sociale.
Le propriétaire, le ministère des solidarités et de la cohésion sociale, fera tout pour nous en empêcher. Il demande l’expulsion d’urgence des occupant.e.s et leur remise à la rue. Cependant, la justice donne raison aux habitant.e.s : l’Etat sera débouté du référé en 1ère instance sur la base d’une absence de projet et de la contradiction sur les questions de sécurité (bâtiment prétendument insalubre, et situation supposément plus sûre à la rue).
Deuxième épisode : Le Tribunal Administratif ordonne l’expulsabilité alors qu’il n’en a pas la compétence. En effet, cette décision sera annulée par le recours en appel du 7 mars 2013.
Malheureusement, cette procédure n’empêchera pas le propriétaire de recourir aux forces de l’ordre pour remettre à la rue les 9 familles et 10 personnes isolées.
Il aurait tout simplement pu attendre et chercher des solutions qui lui incombent, comme le rappelle l’ordonnance du Conseil d’Etat du 10 février 2012, au lieu d’expulser et s’empresser d’installer un projet sur 2 étages seulement, ce qui empêche de fait la résolution du litige juridique. Ce stratagème aurait pu passer inaperçu mais l’apparition de la halte de nuit, dans ces conditions, pose problème, selon les professionnels de l’urgence sociale pour qui cette structure reste une nécessité. La cohabitation précédente avait pourtant produit des effets positifs sur la vie de toutes les personnes, voisin.e.s, habitants de la Maison Goudouli…
Alors que ces familles se retrouvent à naviguer de squat en squat, que le nouveau centre social autogéré, où vivaient 50 personnes, a été expulsé vendredi dernier, qu’un autre bâtiment de même taille, a été expulsé le mardi suivant, nous avons réinvesti notre maison, le 70 allées des Demoiselles, le lundi 29 juillet 2013 au soir, afin d’y revivre et d’y recréer un centre social autogéré.
Chaque matin, à partir de 7h, un petit déjeuner devant le lieu sera organisé pour tous. N’hésitez pas à re-venir nous rencontrer.
Au plaisir de vous revoir dans ce quartier.