Justice pour tout-e-s?

Ce lundi 4 mars a été rendu le délibéré (verdict) du procès des
habitants du 159 Chemin Lapujade qui occupent les lieux depuis le 18
novembre 2012 : EXPULSION FERME (dixit la secrétaire de l’accueil du
tribunal d’instance de Toulouse).

Pour rappel, la maison, une belle toulousaine, a été ouverte dans le
cadre de la Campagne pour la Réquisition l’Entraide et l’Autogestion
(CREA). Elle appartient à Jérôme Ducros, gérant de la SCI Lapujade,
filiale du Groupe Immobilier JD Promotion, sponsor du TFC. A sa
première venue, il avait proposé aux habitants de pouvoir rester dans
la maison à condition de laisser faire les visites et d’entretenir le
jardin. Un accord verbal avait eu lieu entre eux et le promoteur, mais
ce dernier, se croyant au-dessus des lois, est revenu sur ses
engagements et a essayé à de multiples reprises de les expulser par la
force et dans la violence. Grâce à la solidarité de la campagne de
réquisition et au voisinage, les hommes de main envoyés par le
propriétaire ont échoué car ils se trouvaient à chaque fois face à une
trentaine de personnes. Par la suite, un dépôt de permis de construire
datant du 28 décembre montre les projets qu’il a pour la maison : la
destruction totale du jardin et la construction d’un ensemble
résidentiel de 25 à 30 logements accolé à la maison. La présence des
habitants freine donc ses projets.

Suite à l’échec de ses méthodes, il a saisi la justice pour que le
juge ordonne l’expulsion sans délai des étudiants, chômeurs, femmes en
galère, travailleurs pauvres qui y habitent.

Ce procès fut une vaste mascarade. La juge à qui ont été soumises les
preuves des pratiques de cet homme d’affaire sans scrupules, a fermé
les yeux, écarté sans raison les arguments des habitants et de leur
avocat.

Le jugement a été ferme : expulsables sans délais. Les habitants se
retrouvent donc de manière imminente à la rue sans autre solution de
logement alors que l’hiver n’est pas encore terminé. Ce ne sont pas
les seules. Chaque vendredi, dans ce tribunal, des locataires, des
personnes qui prennent des maisons et des bâtiments vides se font
expulser sans délai. Le 15 mars approche et des locataires vont être
expulsés de leur logement, et le 31 mars, ce sont des foyers d’accueil
hivernaux qui ferment. Une expulsion n’est pas une banalité. Les
habitants du 159 ne sont pas seuls et ils pourront donc s’organiser
pour avoir à nouveau un logement. D’autres personnes, au contraire, se
retrouvent le jour de l’expulsion isolées sans savoir où elles vont
vivre ou stocker leurs affaires (parfois de toute une vie). Au mois de
septembre dernier, un homme s’est défenestré à l’arrivée de la police
et d’un huissier qui venaient l’expulser !

Eux et les membres de la CREA dénoncent l’hypocrisie de cette justice
bourgeoise et de ses lois qui protègent et favorisent le pouvoir de
l’argent. Encore une fois, les investisseurs, la justice et la
préfecture vont remettre à la rue les plus précaires alors que des
investisseurs tels que Ducros rasent les traces du passé toulousain
pour y construire du logement neuf et impersonnel qui ne sera
accessible qu’aux plus favorisés. Ces pratiques sont favorisées par la
politique d’urbanisme de la ville liée à la construction de la Ligne à
Grande Vitesse et à la croissance économique et démographique de la
ville. La CREA revendique un habitat digne pour tous et que tous
s’organisent face aux hypocrisies de l’Etat et de sa justice.

Des membres de la CREA soutenus par le DAL Toulouse

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